La vie de Khadija bint Khuwaylid épouse du prophète Mohamed

Khadija bint Khuwaylid était une marchande prospère et la première femme à embrasser l’Islam. Elle était connue pour sa bonté, sa générosité et sa sagesse.

Khadija bint Khuwaylid, la patricienne mecquoise, était loin d’être une simple inconnue. À quarante ans, elle était devenue la commerçante la plus prospère de La Mecque et contrôlait un empire caravanier s’étendant sur tout le Hedjaz jusqu’en Syrie Romaine au nord et en Arabie Heureuse (Yémen) au sud. Mère de plusieurs jeunes filles issues de deux précédents mariages – l’un soldé par un divorce et l’autre par un veuvage – Khadija se consacrait à son entreprise commerciale et à l’éducation de ses filles. Elle pensait avoir tourné la page de toutes émotions amoureuses et pourtant, elle était loin de se douter de ce qui l’attendait : une des plus grandes explosions émotionnelles de tous les temps et un rendez-vous avec l’histoire universelle.

Khadija bint Khuwaylid a eu quatre filles et deux garçons avec le Prophète Mohamed :

– Qasim ibn Mohamed

– Abdullah ibn Mohamed

– Zaynab bint Mohamed

– Ruqayyah bint Mohamed

– Umm Kulthum bint Mohamed

– Fatima bint Mohamed

Khadija était originaire de la Mecque, où elle était née entre 555 et 560. Son père, Khuwaylid ibn Asad, était un homme respecté et prospère, et elle a grandi dans un milieu favorable. Khadija a hérité de son père le sens des affaires et a commencé à gagner sa vie en tant que marchande à la Mecque. Elle était très douée pour les affaires et très riche. Elle était connue pour ses bonnes qualités, sa générosité et sa sagesse.

Elle prit un jour Mohamed (paix et bénédictions sur lui) comme employé pour l’aider à mener ses affaires. Mohamed était un jeune homme honnête, intègre et travailleur, et elle était impressionnée par ses qualités. Elle décida de l’épouser. Khadija était alors âgée de 40 ans, et Mohamed de 25. Ce fut le premier mariage de Mohamed.

Khadija et Mohamed étaient très proches et ont eu six enfants, quatre filles et deux garçons. Khadija soutenait Mohamed dans sa foi et l’encourageait à poursuivre sa mission divine. C’était leur amour et leur loyauté les uns envers les autres qui leur ont permis de traverser les moments difficiles de la vie.

Lorsque Mohamed (saws) a reçu sa première révélation divine, Khadija était déjà une femme pieuse et croyante. Elle a immédiatement accepté l’Islam et s’est engagée à soutenir et à encourager Mohamed dans sa mission prophétique. Elle a été la première personne à embrasser l’Islam, et elle a encouragé d’autres à le faire.

Khadija et Mohamed ont passé 25 ans ensemble et ont construit une vie heureuse et prospère. Malheureusement, Khadija est décédée en 619, l’année suivant la mort de son père.

Le retour d’expérience de Maisara

Une grande caravane était revenue tout juste de Syrie Romaine, chargée d’argent, d’épices et de soieries. Maisara, le fidèle et vieil esclave de Khadija, donna un rapport très détaillé de l’expédition qui s’était avérée un grand succès commercial. Ce succès était principalement attribué à un jeune et talentueux intendant commercial recruté par Khadija sur la recommandation enthousiaste d’un allié tribal. Le jeune homme, Mohamed fils d’Abdallah, avait fait bonne impression à Maisara. Il traitait tout le monde avec respect et déférence et était connu pour son intelligence et sa fiabilité contractuelle dans les comptoirs syriens et palestiniens. Il se comportait comme si le commerce ne devait profiter qu’à l’humanité tout entière. Khadija était curieuse et se demandait où était ce jeune homme de 25 ans. Maisara lui apprit qu’il était au souk, en train de préparer les échanges pour le voyage de retour…

Bien plus qu’une découverte

Nafisah bint Manbah, l’esclave affranchie devenue meilleure amie de Khadija, était la compagne idéale pour se rendre au centre-ville. Khadija était bien accoutumée à son grand marché de La Mecque où elle mène régulièrement ses affaires. Elle voulait cependant voir son nouvel intendant de caravane sans être vue, pour ce tout premier contact. Elles se sont donc cachées et ont observé Mohamed, se tenant doucement à l’écart. Khadija a alors été étonnée et fascinée par sa cordialité et sa stature solide, assurée et modeste. Les deux femmes se sont alors éclipsées, Khadija étant submergée par une émotion aussi puissante qu’inattendue.

La rencontre qui changea sa vie

Khadija, elle, rencontrera Mohamed dans des conditions formelles, entourée de vieux Maisara et des autres membres du haut personnel caravanier. Le sentiment qui l’habite va grandissant, et elle fera parvenir à Mohamed son paiement : vingt chameaux. Les semaines passent et les émotions de Khadija deviennent plus intenses et plus poignantes. Elle passe alors des moments à comploter avec Nafisah, et un mois plus tard, cette dernière présente Mohamed à Khadija. La conversation s’engage alors sur un ton cordial et direct qui ne cessera de marquer le futur prophète de Dieu.

– Mohamed

– Oui, Nafisah.

– As-tu déjà envisagé le mariage?

– Pas encore, non. Je ne suis pas assez fortuné pour ça.

– Et si je te disais qu’un parti fortuné se languit de toi, ici même à La Mecque.

– Je te demanderais de me préciser son identité.

– Il s’agit de Khadija bint Khuwaylid.

– Ma patronne?

– Oui.

– Elle… elle se languit de moi?

– Oui, et, directe et sincère sur tout ce qui concerne les affaires du cœur, elle m’envoie te le dire.

– Khadija est bien trop élevée socialement pour moi. Elle a des biens en abondance, des esclaves en quantité. Nous ne sommes pas du même rang.

– Mais cela n’altère en rien la nature de ses sentiments.

– Serait-elle prête à affranchir des esclaves, à distribuer le gros de ses avoirs aux indigents de notre ville? À rapprocher quelque peu son niveau de vie du mien?

– Ce serait là ta condition pour éventuellement consentir à un mariage?

– Oui, car il n’est de sain mariage qu’entre gens qui s’entendent fondamentalement sur la nature des choses de la vie sociale et du devoir.

Nafisah se retira après avoir dit ses mots et le mariage eut lieu la même année. Khadija fit preuve de grande générosité et affranchit un grand nombre d’esclaves tout en redistribuant une partie importante de ses biens aux déshérités de La Mecque. Un des jeunes esclaves de Khadija, Zayd ibn Harithah, refusa de partir, et Mohamed et Khadija décidèrent alors de l’adopter comme leur propre fils. Comme Mohamed n’avait plus de mère depuis des années, ce fut Halimah As-Sa’diyyah, qui avait été sa nourrice, qui eut l’honneur de recevoir les cadeaux réservés à la mère du marié à l’occasion de leurs noces.

La révélation

Mohamed et Khadija avaient tous deux quarante ans et cinquante-cinq ans respectivement ce jour-là. Lorsque Mohamed est revenu chez lui, il était très perturbé par sa promenade habituelle à la grotte de Hira. Il avait l’impression d’avoir été frappé et de perdre la tête. Il était très perturbé car il avait vu une apparition dans la grotte, qui lui dictait du texte en arabe excellent et l’incitait à le répéter, le réciter et le mémoriser. Mohamed était terrifié, pensant être possédé par un djinn. Khadija resta calme et l’aida à se calmer. Elle l’enveloppa avec une grande couverture et le fit asseoir, sa main posée sur l’épaule de son homme. Elle lui demanda de réciter les paroles que l’apparition lui avait imposées. Malgré sa terreur, Mohamed récita le texte au nom d’Allah le Créateur. Khadija le rassura et lui rappela que cette expérience était légitime et valide car elle était subite, spontanée, authentique, inouïe et sincère. Khadija et Mohamed s’unirent pour stabiliser leur foi en Dieu et la transmission du message à l’humanité entière. Ils sont le seul couple fondateur de religion majeur à avoir formulé leur foi à partir de leur dynamique de couple.

La mère des croyants

Waraqa ibn Nawfal, cousin de Khadija n’était pas le seul moine chrétien (nestorien ou nazaréen) monothéisme parmi les patriciens mecquois. Ainsi, sans hésitation, Khadija et Mohamed s’adressèrent à lui pour relater l’expérience vécue par l’intendant caravanier et les passages révélés ce jour-là (qui forment aujourd’hui la sourate 96) dans la tradition coranique. Waraqa conclut que ce qu’avait vu Mohamed était un ange, Gabriel, le même que celui qui était apparu à Moïse. Pour sa contribution cruciale à la stabilisation émotionnelle et intellectuelle de la première pulsion de foi de Mohamed, Khadija est surnommée ‘Mère de l’Islam’ dans la culture musulmane.

L’année de la tristesse

Les patriciens mecquois ont très mal réagi à la conversion de leurs premiers concitoyens à la croyance en un dieu intangible, dont le culte demande de détruire les idoles. Depuis presque dix ans, les autorités mecquoises font des efforts pour que ces quelques sectateurs n’abandonnent pas la ville. Cette poignée de séditieux cultuels est ainsi soigneusement retenue à l’intérieur des murs. Mais bientôt, ils prendront la fuite discrète et méthodique vers des lieux plus cléments, ce qui se produira avec l’Hégire en 622. Pour le moment, ces quelques douzaines de personnes, de toutes classes sociales, qui ont embrassé l’islam, vivent dans une installation recluses appartenant à Abû Tâlib, oncle paternel de Mohamed. Khadija est à son côté, ainsi que les filles, les demi-filles et le fils adoptif de Mohamed. Khadija, âgée de soixante-cinq ans, a tout perdu en embrassant l’Islam, ne possédant plus qu’un mince réseau d’influences en ville. Malheureusement, l’oncle de Mohamed qui les héberge meurt sans embrasser l’Islam et Khadija, épuisée, meurt aussi. La mort de ces deux figures, en particulier celle de Khadija, marque une grande rupture entre Mohamed et la ville. Il ne reste plus que les devoirs impérieux du culte, de la guerre, de l’unification et de la paix.

En 632, suite à une courte maladie, le prophète Mohamed décéda à l’âge de 65 ans, c’est-à-dire le même âge que celui qu’avait Khadija quand elle l’avait quitté définitivement, un an auparavant.

Conclusion

Khadija était une femme remarquable et un modèle pour toutes les femmes musulmanes. Son courage, sa foi et sa loyauté envers son mari et son engagement à défendre l’Islam sont toujours une source d’inspiration. Elle est considérée comme une femme très honorée et un modèle pour toutes les femmes musulmanes. Sa vie est un rappel de la force et de la foi qui peuvent exister entre un mari et une femme. Elle peut servir d’exemple et de source d’inspiration pour les couples musulmans d’aujourd’hui.

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